Environs de la Place Flagey, Bruxelles, 19 août 2023 : deux amis s’embrassant sur la bouche se font interpeler : « Sales pédés, allez faire ce genre de chose ailleurs ». Les personnes concernées ne réagissent pas, mais recroisent plus tard ceux qui les ont injuriés, accompagnés d’autres personnes. La situation dégénère : l’un des deux amis est frappé au visage, tous les deux reçoivent de nombreux coups de poing et de pied alors qu’ils sont au sol. L’un des deux perd connaissance.
La police intervient et interpelle deux des agresseurs
Le 3 octobre 2024, ceux-ci ont été jugés par le Tribunal correctionnel néerlandophone de Bruxelles pour « coups et blessures volontaires avec la circonstance aggravante du mobile discriminatoire ». Il est question de « mobile discriminatoire », ce qui signifie que les coups ont été assénés sur les victimes parce qu’elles étaient homosexuelles.
Unia, l’organisme qui lutte contre les discriminations et défend l’égalité des chances, s’est constituée partie civile à côté des deux amis. Cette démarche lui permet d’être entendue lors d’un procès concernant la lutte contre les discriminations.
Prison et amende
Les prévenus n’étaient pas d’accord avec cette circonstance aggravante. Ils prétendaient qu’ils n’avaient pas porté ces coups parce que ces hommes étaient homosexuels, que c’était une simple dispute. Mais un témoin a confirmé avoir entendu des insultes manifestement homophobes.
Les deux prévenus ont été condamnés à une peine de 18 mois d’emprisonnement et à une amende de 800 euros. Le premier bénéficie d’un sursis probatoire de cinq ans pour la totalité de sa peine. « Probation », cela signifie « délai » ou « temps d’épreuve ». Cela veut dire que la peine est suspendue et que le juge a fixé des conditions à l’octroi de ce sursis. Sans récidive et si ces conditions sont respectées pendant cinq ans, le prévenu ne sera pas emprisonné.
Le deuxième prévenu écope d’un sursis simple de cinq ans pour la moitié de sa peine. Il doit donc faire la moitié de sa peine. Ensuite, s’il ne récidive pas pendant cinq ans, il ne devra pas effectuer le reste de sa peine.
Dans son jugement, le juge précise que « ce type d’agression est source de détresse, de stress et d’anxiété pour la victime, qui est attaquée en raison de la haine de ce qu’elle est en tant que personne ».
Les victimes reçoivent une indemnisation de 2.500 et de 1.694 euros.
Unia reçoit un euro symbolique de dommages et intérêts.
Voir en ligne : https://www.unia.be/fr/legislation-...
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